Aïe aïe aïe… sujet sensible.
Et pourtant, aujourd’hui, j’ai envie de vous partager quelque chose de très intime.
C’est un sujet dont je parle très peu.
Certaines personnes de ma famille ou de mon entourage proche vont peut-être apprendre ça ici, en lisant ce post. Oui, c’est à ce point-là quelque chose que je garde pour moi.
Pas parce que j’en ai honte, mais parce que…
– Je pense souvent que ce qui me concerne n’a pas vraiment d’intérêt pour vous.
– Je n’ai pas envie qu’on croit que je cherche à “faire mon intéressante”.
– Et surtout… j’ai peur. Peur d’être jugée, vue autrement, ou carrément rejetée.
Mais il y a un paradoxe.
Dans mon métier, j’accompagne beaucoup d’humains dans des aspects très personnels de leur vie.
On parle du lien avec leur chien, bien sûr, mais aussi de leur quotidien, de leurs émotions, de leurs difficultés.
Et ce n’est pas rare qu’on me dise que les séances de Hoopers ou d’Agility font du bien au moral, que ça aide à tenir dans des périodes difficiles.
À qui le dis-tu !
Et je pense que pour que cette relation soit sincère et équilibrée, il est juste que moi aussi, je puisse me montrer vulnérable.
Sortir un peu du rôle de la “pro qui gère tout”, et vous dire que moi aussi, j’ai mes fragilités, mes spécificités.
Alors voilà.
Je suis autiste SDI (sans déficience intellectuelle).
C’est pour ça que cette cause me touche autant. Que je partage régulièrement des ressources, des réflexions, que je relaie des témoignages.
Ce n’est pas juste de l’info. C’est personnel.
C’est moi.
Je ne vais pas détailler tous les impacts que ça a dans ma vie.
Mais pour vous donner un exemple : c’est l’une des raisons pour lesquelles je ne prends quasiment jamais de vacances. J’ai besoin de routine, de régularité, et les changements me désorganisent facilement.
C’est aussi pour ça que je peux revenir complètement à côté de mes pompes après un congé (certains se souviennent que les fêtes de fin d'année notamment sont compliquées pour moi. Quelle idée d'aller fêter Noël aussi ;) )
Et c’est aussi ce qui me permet de comprendre, profondément, ce besoin de stabilité chez les chiens.
Je vis aussi avec ce qu’on appelle la fatigue autistique. Une fatigue puissance 1000, qui peut s’accumuler très vite.
Je ne vais pas en faire un topo ici (tu peux googliser si tu veux 😉), mais ça veut dire que je dois organiser mon quotidien de manière à préserver mon équilibre.
Est-ce que ça veut dire que je bosse 4h par jour puis dodo et cocooning ?
Haha… non. 😅
Parce que l’autisme, c’est aussi ça : la passion. Le focus intense.
Quand j’aime un projet, une idée, un sujet (ou une discipline comme la Hoopers !), je peux m’y plonger corps et âme. Oublier l’heure, oublier de manger.
Une bonne part de cette fatigue vient aussi de ma façon d’anticiper : dans la plupart des interactions sociales, je dois tout préparer à l’avance dans ma tête. J’imagine les scénarios possibles, les réactions, les réponses… comme si je devais écrire tous les dialogues d’un film avant même de tourner la première scène.
Et ce n’est pas fini une fois l’interaction passée : je rejoue tout ensuite, pour analyser, décortiquer, repérer ce que j’aurais pu dire autrement, mieux faire, éviter peut-être… Ce double effort — avant et après — est invisible, mais extrêmement énergivore.
Et comme beaucoup d’autistes SDI diagnostiqués tardivement, je n’ai droit à aucune aide. Je suis une indépendante “classique”, avec les mêmes charges, les mêmes obligations, les mêmes deadlines… mais avec des ressources différentes.
Parfois, c’est une faiblesse.
Mais parfois, c’est une force.
Par exemple, c’est à l’origine de cette “patience infinie” dont on me parle souvent. En fait, je suis juste très consciente que chacun ne réagit pas ou ne comprend pas les choses sous le même angle. Ça me permet de prendre le temps d’observer, d’ajuster, sans m’impatienter.
Et c’est aussi ce qui nourrit mon imagination débordante. Cette capacité à sortir des sentiers battus, à chercher des solutions nouvelles, à inventer des façons différentes d’aborder un problème ou un entraînement.
Et il y a autre chose. Une forme d’attention au détail, presque instinctive, que je dois à ma sensibilité sensorielle. Elle me rend aussi particulièrement attentive à la surstimulation que peuvent subir les chiens, que ce soit dans leur environnement ou lors de nos séances. C’est un aspect essentiel que je prends en compte dans ma façon d’intervenir et de créer un cadre apaisant
— pour eux comme pour vous.
Et pourtant, il y a une raison pour laquelle, quand je suis avec vous ou vos chiens, ça semble facile.
C’est parce que vous me parlez de mon “intérêt spécifique” : un sujet qui me passionne profondément, et sur lequel je peux passer des heures sans voir le temps passer.
Pour moi, mes intérêts spécifiques, ce sont les chiens… et la relation humain-chien. C’est le cœur de mon métier, et c’est ce qui rend tout plus fluide, plus naturel, plus évident.
Cette différence, je ne la vois pas seulement comme un défi, mais comme une richesse précieuse dans mon métier et dans ma vie.
Et c’est aussi pour ça que je suis particulièrement sensible à celles et ceux qui, de près ou de loin, se reconnaissent dans la neuroatypie, même silencieusement.
Parce qu’on se reconnaît, même sans se le dire.
Même si toi, tu n’es pas sûre.
Même si tu ne sais pas.
Même si tu n’as jamais été diagnostiqué·e.
Même si tu n’oses pas le dire… t’inquiète. Je vois. Je comprends.
Et toi… c’est quoi ta neuroatypie ? 💬
Ou ton hypersensibilité ?
Ton côté 'décalé', discret, différent, invisible ?
Raconte si tu veux. :)
Et si tu veux travailler avec quelqu’un qui sait ce que ça veut dire, qui t’accueillera comme tu es, sache que mon espace est ouvert pour toi.
💛