Là où tout a commencé - Partie 1

L'arrivée de Gandalf et nos débuts en éducation canine

Quand je suis entrée dans la vie d’adulte actif, que j’ai eu mon premier job, mon premier chez moi, j’ai tout de suite eu pour projet urgent et irrépressible d’avoir un chien. Car ça faisait longtemps que j’en voulais un et que ça faisait partie des interdits tant que je vivais chez mes parents. Alors quand ma route a croisé celle de Gandalf, j’ai foncé tête baissée, toute émue de pouvoir réaliser un de mes plus grands rêves, et aussi pleine de pression car je ne savais rien d’autre que les plus grandes banalités du monde du chien, mais que comme dans tout ce que je faisais, je voulais faire ça à la perfection, avoir la meilleure relation du monde avec ce chien, qu’il soit parfait aux yeux de tous, qu’on fasse de l’agility et qu’on vive tout un tas d’aventures ensemble dans la joie et le bonheur. Je me visualisais littéralement au milieu d’un champs, à me rouler dans la paille en riant avec mon petit chien tout joyeux qui me tournait autour.




A l’époque, je me souviens que ma plus grande préoccupation était que, en tant qu’ancienne migraineuse, j’avais peur de l’éducation traditionnelle, de devoir être ultra-rigide pour éduquer mon chien, devoir me fâcher dessus à longueur de temps. Non pas pour ma relation avec mon chien, je n’avais pas conscience de la répercussion que ça pouvait avoir là-dessus à ce moment-là, mais parce que j’étais une ancienne migraineuse et j’étais persuadée que si je m’énervais non-stop au sein de la famille que je m’étais créée, j’allais déclencher le retour des migraines. C’était donc assez vital pour moi de m’en sortir autrement mais pour autant, je voulais absolument apporter une éducation parfaite à mon chien et je ne connaissais rien d’autre à l’époque que ce qu’on me montrait dans les clubs canins traditionnels, à savoir les réprimandes, les coups de sonnettes, la rigidité dans les demandes et le contrôle absolu de tout. Rien qu’en évoquant ces mots, je sens ma tête se crisper.


J’avais donc choisi une race de chien dite « facile à éduquer », que je connaissais déjà un peu pour avoir partagé la fin de vie de l’une d’entre elles via mon compagnon de l’époque, et je dois dire que je suis plutôt bien tombée avec Gandalf, car j’ai eu un premier chien sans grand problème, sociable et qui aimait me faire plaisir dès le départ – je dis ça avec les yeux de l’éducatrice canin que je suis aujourd’hui, bien sûr à l’époque je ne le voyais pas avec le même oeil, mais on y reviendra. Et j’ai bien sur foncé vers le club canin le plus proche que l’on m’avait recommandé, pleine de bonnes intentions et bourrée de motivation, pour entamer au plus vite l’éducation de mon nouveau protégé.


Dans ce club, on travaillait globalement en méthodes « tradi-bonbon », c’est-à-dire qu’on avait en effet la panoplie complète des réprimandes en cas de bêtises, mais qu’on savait aussi renforcer les bonnes actions avec des bonbons. Du coup, personne ne m’embêtait quand je venais avec ma pochette de friandises, avantage non négligeable par rapport à certains autres clubs qui existaient à l’époque (et qui existent probablement à l’heure où j’écris ceci). Comme je voulais éviter à tout prix le côté réprimandes, j’ai naturellement fait le maximum pour ne jamais avoir à aller vers elles, et donc je payais naturellement un maximum Gandalf pour tout ce qui était OK à mes yeux, à coups de bonbons. Je me souviens notamment d’une marche au pied que le groupe dont je faisais partie faisait, tous ensemble autour du terrain, et où là où la plupart des personnes que je voyais se retrouvait à enchainer les coups de sonnettes sur la laisse, je bombardais littéralement mon chien de bonbons dès le début, pour prévenir un maximum le moment où mon chien se déciderait à effectuer n’importe quel autre comportement que de me regarder en avançant. Sans le savoir en fait, j’étais devenue la meilleure humaine du monde à ce moment-là pour mon loulou et j’avais littéralement blindé d’or massif son intérêt pour moi dans ce contexte. Aux yeux de tous, on était de vraies têtes de classe dans le groupe, et tout se passait à merveille chaque semaine pour notre cours d’éducation.


Donc finalement j'estime que j'ai eu un assez bon réflexe, une bonne intuition que je me félicite d'avoir suivie, par contre, évidemment, ça ne m’effleurait pas l’esprit que ce « mode travail » doive être généralisé à d’autres contextes. Quand on partait en balade, je me voyais mal bombarder mon chien de bonbons en permanence (comment ferait-il ses besoins sinon ?) et mon petit bébé chien qui découvrait le monde prenait beaucoup de plaisir à explorer chaque brin d’herbe qui nous entourait, rencontrer les personnes de mon entourage et… leurs chiens. Ah, super, j’ai eu un chien extrêmement sociable, aucun soucis de ce côté-là et comme j'étais persuadée qu'il devait rencontrer un maximum de personnes, je le laissais toujours aller vers tous les humains et les chiens qu'on croisait. En fait, Gandalf était même tellement sociable qu’il me lâchait à la moindre occasion pour aller saluer le copain chien qu’il avait repéré 10 ans avant que je ne l’aperçoive, quitte à devoir traverser la route (comment ça c’est dangereux ?) mais ça, à l’époque, c’était pas grave puisque le plus important était qu’il rencontre un maximum de chiens pour qu’il soit le plus sociable possible. Et puis, au pire, si il se faisait clasher par le chien en question, ça lui aurait fait les pieds et peut-être qu’il aurait plus réfléchi la fois suivante ? Eh oui, j’étais typiquement ce genre de personne mais ne t’en fais pas si tu ne comprends pas pourquoi je dis que ça, on reviendra sur ce sujet plus tard. Encore une fois, j’ai eu pas mal de chance – les chiens dans les alentours de mon chez moi étaient très sympathiques et sociables également et rien de grave n’est jamais arrivé à Gandalf dans ce contexte, même si ça aurait vraiment pu arriver.


Là où le problème s’est réellement posé pour moi à ce moment-là, c’est que Gandalf pouvait vraiment se mettre en danger pour aller voir ses copains. Il pouvait switcher en un quart de seconde du reniflage intensif d’un brin d’herbe passionnant à mes pieds à la course éfrénée vers son copain chien qu’il avait aperçu 500m plus loin, quitte à se mettre en danger en chemin, sans aucune once de regard ou d’oreille attentive à moi, jusqu’à ce qu’il ait pu renifler le trou de balle de ce chien. Oups, ça fait mal à l’ego. Mais, ce problème fut assez simplement solutionné par le fait d’éviter de détacher Gandalf avant d’atteindre une zone où il pouvait faire ça sans danger. La jeune fille de 50kg toute mouillée que j’étais avait bien fait de ne pas choisir un bouvier bernois, même si il tirait sur sa laisse, et que je me laissais emmener de force vers l’interaction, que j’en aie envie ou non, cette solution était convenable pour moi. En tout cas, à un petit détail près… C’est que je me basais beaucoup sur le fait que, une fois les salutations faites avec le chien en question, Gandalf revenait généralement plutôt rapidement vers moi, ou en tout cas il retrouvait l’ouïe et était capable d’entendre mon rappel. Alors cette petite seconde d’inattention où il choisissait d’aller contre vents et marées foncer sur le chien me semblait sans grande gravité.

Malheureusement j'étais un petit peu naïve sur ce point mais je te raconterai la suite dans le prochain épisode... !

Se connecter pour laisser un commentaire.


Vers une retraite douce pour nos chiens vieillissants
Retranscription de l'épisode de podcast