Là où tout a commencé - Partie 3

Retour au quotidien après l'incident & la violence éducative

Revenons à notre histoire et à après l'accident où j'ai failli perdre Gandalf lors de cette fameuse balade dont je t'ai parlé la semaine passée. Comme je te l'ai raconté, cet incident a vraiment été un événement majeur dans notre parcours à Gandalf et moi et suite à cela, j'ai non seulement été beaucoup plus soigneuse dans le choix des professionnels à qui j'ai demandé de l'aide, mais aussi beaucoup plus précautionneuse lorsque je décidais de donner de la liberté à Gandalf. Trauma bonjour ! Je le lâchais encore bien sur, mais je ne le faisais que lorsque j'étais suffisamment détendue pour cela, parce que zone sécurisée par exemple.


Si tu as déjà vécu une frayeur de ce genre, je suis sure que tu sais de quoi je parle. Dans ces cas-là, c'est toujours difficile de se remettre dans la situation à risque et il faut qu'un certain temps se passe pour qu'on arrive à surmonter nos peurs. On est bien conscients qu'il est de notre responsabilité de répondre aux besoins de notre chien, donc on se force un peu, mais c'est difficile. C'est un équilibre à trouver, dont le point central varie au quotidien, donc à adapter au quotidien en fonction des possibilités.

En parallèle, comme me l'avait indiqué le comportementaliste que j'avais rencontré, j'ai voulu bosser le « focus » même si à ce moment là, cela ne ressemblait pas encore à grand chose. En gros, le principe, c'est que à chaque micro mouvement de ses oreilles dans ma direction, je faisais un petit « clic » via un petit boitier que j'avais à la main, et je faisais suivre ce bruit par un petit bonbon que je donnais à mon chien. 

De cette façon, je façonnais son attention sur moi comme on façonnerait une sculpture en pâte à modeler, en partant de 0, petit à petit, avec une patience infinie. Une façon de faire qui, on va pas se mentir, fonctionne, mais est extrêmement lourde et technique, surtout quand on sait qu'à ce moment là, les fois où je pouvait voir une oreille effectivement se tourner vers moi en contexte de balade, c'était vraiment pas souvent. Et en plus, le but du jeu était que il fallait que cette oreille qui se tourne spontanément, c'est à dire que je ne pouvais pas simplement l'appeler, il fallait que ça se fasse de son initiative, presque par hasard. Ca parait bancal tu trouves pas? A moi aussi je t'avoue mais c'était ce que j'avais reçu comme instructions et en bonne élève que j'étais, je m'appliquais. Et contrairement aux cours d'éducation où j'avais un focus de dingue, en balade, Gandalf avait appris que je le suivais partout sans me poser de question et il faisait un peu tout ce qu'il voulait. Alors pourquoi être attentif à moi ?

Donc je mélangeais un peu tout dans mes outils de l'époque pour créer des opportunités de voir une oreille se tourner, c'est à dire faire un bruit, ralentir ou, je vais être franche, mettre des coups de sonnette... Chose que je ne conseille absolument pas bien entendu, mais à l'époque voila, c'est ce qui existait pour moi, et même si c'était difficile pour moi, je me justifiais en me disant que c'était pour son bien, et que c'était temporaire, le temps que le travail fasse son effet et que j'aie plus souvent une oreille qui se tourne spontanément vers moi à renforcer. 

Donc, je donnais des coups de sonnette à mon chien, pour son bien, pour son éducation. Les coups de sonnette, je vais l'expliquer ici pour que ce soit bien clair, cela consiste à mettre un petit coup sec sur la laisse tendue pour infliger un petit choc à son chien. Et ça, pour moi... c'est de la violence éducative. 

Je t'en ai parlé mardi sur mes réseaux à l'occasion de la journée mondiale de la non violence éducative, mais je n'ai pas clairement défini ce que c'était exactement, j'avais juste donné la définition générale qui est plutot associée aux enfants, je te la remets ici « La violence éducative ordinaire, c'est le fait d'exercer une violence sur son enfant dans le but de l'éduquer. » et je t'ai dit mardi que pour moi, ça devrait englober tous les êtres vivants, et pas que les enfants. Bon.

Clairement, à l'époque, je te l'avoue ici, ce que je t'ai décrit que je faisais, c'est de la violence éducative pour moi. Les coups de sonnette, c'est un exemple qui est déjà extrêmement flagrant je trouve, mais la petite tape sur les fesses, même juste avec un doigt, même que le chien n'a pas mal, que je vois parfois en balade chez des personnes que je croise en fait également partie, et je ne dis pas ça pour me déculpabiliser dans mes actes, mais bien pour t'expliquer qu'elle est encore, malheureusement, omniprésente dans le monde des chiens. 

En fait, dès qu'on utilise un acte physique qui va micro choquer le chien dans le but d'avoir son attention ou de l’arrêter dans son action par exemple, c'est de la violence éducative pour moi. Mais, on est tous humains, et on va pas se mentir, on est pas des anges descendus du ciel, ni toi ni moi, et oui, ça nous arrive malheureusement à tous d'y venir à un moment où à un autre dans notre vie. 

Dans ma publication de mardi, je n'ai pas voulu te donner des exemples crus de violence éducative envers nos chiens, parce que je pense que cela peut être aussi extrêmement culpabilisant, et je sais que si tu te reconnais dans ce genre de pratique, tu le fais avec de réelles bonnes intentions, tu penses sincèrement que c'est pour le bien de ton chien. Je le sais parce que sinon tu ne serais simplement pas ici à me lire et je sais que je n'avais pas non plus de mauvaises intentions à l'époque. Je te donne mon propre témoignage et je t'explique mon histoire parce que j'espère que cela te permettra d'une part, d'entendre ça sans te sentir jugé puisqu'on parle de moi ici, et d'autre part, pour t'expliquer quel a été mon cheminement depuis pour en sortir.

Et si je peux te pointer 1 chose que je voudrais que tu retiennes de cet épisode, c'est que dans mon monde en tout cas, la phrase « C'est pour son bien » est vraiment une phrase typique qui est très souvent là pour déculpabiliser face à de la violence éducative. D'ailleurs tu l'as entendu dans mon récit, c'est ce que je me disais à cette époque, et aujourd'hui je suis consciente que pour moi, ça n'était qu'une excuse parce que je choisissais d'aller dans cette option même si c'était tout à fait contre mes valeurs profondes, parce que je me sentais démunie, que je manquais d'outils et que j'avais besoin d'un résultat immédiat face à ce qui m'avait traumatisé .

Bien sur à l'époque j'étais persuadée que je faisais ça pour son bien, pour son éducation, mais en réalité, je me voilais la face. Donc, j'insiste tout particulièrement sur le fait que non, je ne conseille en aucun cas de passer par là, et je suis heureuse de dire que aujourd'hui, j'ai développé une panoplie d'autres outils qui me permettent de ne plus recourir à ça, et j’œuvre personnellement pour faire en sorte de promouvoir ces outils afin d'aller vers un monde où la violence éducative n'existe plus.

Bon, je clos la parenthèse sur ces coups de sonnette et je reviens à mon histoire principale, où je façonnais le focus de mon chien en renforçant chaque oreille vers moi. En soi, cet exercice, pour la jeune débutante que j'étais, cela a été intéressant aussi, ca m'a donné l'occasion de m'entrainer à avoir un bon timing dans mon clic, chose qui, personnellement, m'amusait beaucoup, même si aujourd'hui, je ne conseille cela à aucun de mes clients, car je trouve cette façon de faire complexe et lourde. Et il existe des moyens bien plus gais d'arriver au même résultat, et ça, je t'en parlerai tout bientôt, encore un peu de patience :)

En parallèle, j'ai commencé à faire de l'Agility, aaaaaah yes un sujet plus léger ! Ca aussi, ça a vraiment marqué mon évolution avec Gandalf, je dirais même que ça a tout changé. Mais je t'en parlerai la semaine prochaine parce que cet épisode serait bien trop long sinon. :)

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Là où tout a commencé - Partie 2
Le jour où j'ai failli perdre mon chien