Leurres, gestes d’orientation, appels visuels… ces outils font partie de notre langage corporel avec nos chiens.
Le leurre, en particulier, est souvent utilisé proche du chien pour l’amener à une position ou un comportement.
À distance, on parle plutôt de gestes qui indiquent un changement de direction ou qui rappellent l’attention du chien.
Dans cet article, on va explorer pourquoi on diabolise souvent le leurre, ce qu’il est vraiment, et comment, bien utilisé, il peut être un outil précieux — proche ou loin — pour maintenir la connexion avec ton chien.
C’est quoi, le leurre ?
Le leurre, c’est faire suivre un mouvement (souvent de la main, parfois avec une friandise) pour amener le chien à une position ou un comportement.
C’est une technique très répandue, utilisée dans toutes sortes d’approches, parfois même inconsciemment.
➡️ Pour moi, même juste faire suivre la main pour faire un assis ou un tour, c’est déjà du leurre.
Alors inutile de faire semblant : on en a tous utilisé à un moment donné. Et nos chiens aussi, ils y ont été exposés — consciemment ou pas.
Pourquoi le leurre est mal vu en conduite à distance
Dès qu’on parle de conduite – surtout à distance – on entend souvent :
❌ “Le leurre, c’est le mal.”
❌ “Ça ruine l’autonomie.”
❌ “Ton chien ne décollera jamais si tu leurres.”
Et… ce n’est pas complètement faux.
Parce qu’un chien trop habitué à suivre la main ne regarde plus devant lui.
Il fixe le geste, attend d’être guidé, et n’ose pas s’engager seul.
Il devient dépendant, et ça freine la prise d’initiative.
Et ça, oui, ça va à l’encontre d’une conduite fluide, où le chien lit les obstacles, prend de la distance et s’engage avec confiance.
Mais... c’est pas toute l’histoire.
Le problème, ce n’est pas le geste. C’est comment on l’utilise.
Un leurre mal dosé, systématique, omniprésent, oui, ça rend le chien passif.
Mais un geste issu du leurre, intégré avec conscience, peut devenir une vraie ressource, même chez les chiens de niveaux avancés.
Le leurre, c’est souvent un bon point de départ. Même pour un simple “assis”, ça aide à poser les bases, à clarifier l’attente.
Le souci, ce n’est pas de l’utiliser au début — c’est de ne pas en sortir.
Tant qu’on le voit comme une étape transitoire, qu’on dose son usage et qu’on ne s’y enferme pas, il peut être un vrai atout, y compris plus tard dans le travail.
➡️ Par exemple, quand ton chien est trop absorbé par la suite d’obstacles et ne te regarde plus, un mouvement de main peut le reconnecter à toi.
Dans ce cas, ce n’est plus vraiment du leurre au sens strict — on est plutôt dans un appel visuel, un geste d’orientation, qui invite le chien à revenir vers toi ou à prêter attention.
Ce geste devient un repère visuel fort, une ancre dans le flot du parcours.
Ce n’est pas un piège. C’est une clef de communication.
En fait, le leurre est… humain.
Nous, humains, on montre avec la main, on pointe, on attire l’attention.
C’est ancré dans notre langage corporel.
Et dans la vraie vie, quand des humains arrivent en séance, ils ne sont pas des pros du shaping ou des clics millimétrés (enfin, rarement). Ce sont souvent des personnes motivées, mais qui tâtonnent. Et leurs chiens, eux, sont en mode : “Wow, ce terrain est incroyable ! Tu me laisses le flairer puis on en reparle?"
Dans ce contexte, un simple passage en ligne droite peut tourner au sketch.
Le chien zappe, part aux alouettes.
L’humain panique, gesticule…
Et là, un geste simple, familier, même sans friandise, peut recréer du lien.
Une fois cette reconnexion faite, on peut rapidement revenir en mode conduite.
Cette seconde de reconnexion fait toute la différence pour que le travail reparte sereinement.
Ce geste qui sauve (et qui n’est plus vraiment du leurre)
Le mouvement de leurre n’a parfois plus rien à voir avec le guidage serré du début.
Il n’y a plus de bonbon, plus de main collée au museau.
Mais le chien reconnaît le geste. Il y répond. Il se reconnecte.
Et ça… c’est précieux.
Dans certaines situations, ce petit geste réflexe peut éviter la déconnexion totale, recentrer, relancer une dynamique, même à un niveau avancé de conduite.
6. Alors, c’est bon ou c’est mauvais ?
Le leurre n’est ni une baguette magique, ni un crime éducatif.
C’est un outil. Ni plus, ni moins.
➡️ Mal utilisé, il freine l’autonomie.
➡️ Bien utilisé, il clarifie, rassure, réactive la communication.
Et même à distance, quand le chien part trop fort ou zappe son conducteur, un geste peut être ce petit pont qui recrée du lien.
🧭 En résumé :
✅ Le leurre n’est pas le diable.
✅ Il fait partie de notre langage corporel.
✅ Il peut reconnecter sans saboter.
✅ Ce n’est pas la base, mais ce n’est pas un tabou non plus.
⚠️ L’important, c’est l’intention et le dosage.
🎙 Et toi, tu t’autorises à t’en servir — ou tu l’as totalement banni de ta pratique ?